Le parc du château

 

Une promenade pour rêver du passé

La promenade favorite des habitants de Roucy est, sans nul doute, le chemin des Coutures qui longe l'ancien parc du château, havre de paix et de verdure au coeur du village riche en Histoire

 

De sa spendeur passée, il ne reste plus que broussailles, ronces, vieux arbres en déclin et pourtant, le parc de l'ancien château continue d'exercer son charme. Et pour cause ! Situé au pied de l'ancienne motte féodale, il est riche en découvertes et en émotions. En vous promenant dans ses frondaisons, vous revivrez ce passé prestigieux des Comtes de Roucy, un passé bouillonnant, parfois cruel ou attendrissant. Mais attention à respecter les lieux qui sont une propriété privée.

Révez !... nous sommes au 17ème siècle et le château, nouvellement reconstruit, domine de toute sa hauteur Roucy et les environs. Il avait comme accès principal une avenue qui partait du bas du village, à peu près en face de la rue de l'ancienne gare. Il ne subsiste que peu de chose de son tracé initial, car cette bande de terre à été revendue il y a quelques décennies par la commune de Roucy, pour une partie à un particulier, et pour l'autre partie afin d'y construire un lotissement.

On imagine, avec nostalgie, le magnifique spectacle de ces attelages qui empruntaient le Chemin du Comte, jusqu'à la Porte Saint-Pierre, située à la croisée du chemin des Coutures et de la rue qui descend de la place du Vieux Marchez pour aboutir à la cour d'honneur après avoir traversé tout le parc. Cette imposante porte qui a été déplacée au siècle dernier dans le haut du Pavé, constituant l'entrée principale du domaine. L'accès actuel dans le haut du village, qui donne sur la rue du Pavé, n'était qu'un accès secondaire, réservé pour la plupart du temps aux fournisseurs et au personnel.

Le parc avait été tracé à l'anglaise. Des murs élevés l'entouraient et jusque dans les années 1990, il en subsistait un vestige à l'angle de l'endroit où se trouvait la Porte Saint-Pierre. Des arbres séculaires faisaient l'ornement de ce très beau parc, dont un, quoiqu'un peu déplumé faute de soins, dominait les autres, du haut de ses trente cinq mètres et faisait l'admiration de tous. C'était un séquoia, un géant, que toute grande propriété se devait de posséder dans son parc... un signe extérieur de richesse en quelque sorte ! Il a été abattu récemment pour des raisons de sécurité.

Ce parc, bien que peu étendu, avait un charme fou. Il était traversé par un ruisseau venant de la cascade qui se précipitait dans un canal maçonné par un effet de petite cascatelle. Pour l metre à sec, on détournait au moyen de vannes le cours du ruisseau qui passait ensuite dans un canal souterrain établi par M. de la Rochefoucauld.

 

Mais le plus grand moment d'émotion, c'était,  parmi les frondaisons, la découverte des fondations d'une petite chapelle, située sur un îlot, entre deux branches du ruisseau. Des ponts aux rampes garnies de lierres, permettaient le passage d'une rive à l'autre. Cette chapelle, de style gothique, de belle proportion, avait toute l'apparence d'une chapelle funéraire. Cependant, rien ne permet de l'affirmer, car ni caveau, ni tombeau, ni stèle, ni urne funéraire n'ont été retrouvés. C'est la duchesse d'Ancenis, dernière des comtesses de Roucy, qui avait fait édifier, vers 1802, cet oratoire dont le tympan sculpté dans la pierre était orné de l'armorial des  ducs de Béthune-Charost, huitième et dernière race des comtes de Roucy. Ce portail a, hélas, été démonté et vendu, mais il subsistait encore, dans les années 1950, quelques restes de cette chapelle, en partie debout, avec sa charpente en bois apparente.

Aujourd'hui, seul le souvenir des plus anciens du village subsiste...

Roucy et son vignoble

Bien que le territoire de Roucy fut l'un des plus petits du comté, avec moins de 700 hectares, son vignoble, assez important, jouissait, jusque dans les années 1900 d'une bonne réputation.

C'était un vin rosé, frais et agréable à boire qui était élaboré à Roucy. Il rivalisait alors avec les deuxièmes qualités des vins de Champagne et, bien bouché, il pouvait se garder six à sept années sans perdre ni sa couleur ni ses qualités. Mais pas de chauvinisme, il faut bien reconnaître qu'il était surclassé par un autre vignoble, non loin de là, sur le territoire de Craonne, mieux exposé, et qui produisait un vin de qualité supérieure et en quantité plus importante. Ce vignoble existe toujours en partie et élabore un pétillant qui a toutes les qualités du champagne.

A Roucy, des archives datant de 1650 mentionnent que la production était de 10 000 pièces de 205 litres. En comptant probablement les vignobles de la châtellerie (c'est-à-dire le domaine propre au Comte et extérieur à Roucy). Chaque treillage était classé et taxé suivant sa valeur, et aucun détenteur de vigne n'échappait au droit de vinage dû au Seigneur. Pour les meilleurs crus :" trois sols tournois de vrai cens" (sol voulant dire sou, tournois étant une monnaie ancienne et le cens une redevance annuelle) pour chaque arpent. En outre, au temps des vendanges, ils devaient deux pots de vin de leur vigne pour chaque arpent, que le Seigneur prenait à la cuve ou au pressoir. Les pressoirs, au nombre de quatre, étaient encore en fonction dans les années 1900. Ils étaient situés dans un bâtiment entre la rue montant vers Ventelay et le chevet de l'église, dans la ruelle en équerre.

Pas de grandes forêts dans cette région, mais des bois de futaies et des taillis disséminés sur les plateaux et des pentes abruptes où la culturre était difficile. Peu à peu, on y installa de la vigne, véritable source de richesse pour le comté. Sur la route qui longe le cimetière en direction de Guyencourt, à droite, aux lieux dits : Derrière la Ville et le Mont aux loups. En bordure de la route qui mène à Ventelay, à gauche : Les Griffaines, les Sarrins et les Bermonts et dans la partie qui comprend aujourd'hui des jardins cultivés: les Presles. Il existait aussi des treillages le long du chemin des Coutures (les Jalottes), à proximité de la cascade et sous le moulin (les Moncets, les Carrières, Cherfontaine et les Cauroys). Hélàs, les vignes de Roucy ont été victimes du redoutable phylloxéra, un minuscule puceron venu d'Amérique du Nord qui a été introduit sur la vigne européenne vers 1860, provoquant de véritables désastres. Désarmés devant cette catastrophe, les viticulteurs locaux ont renoncé à leurs vignes plutôt que de replanter, comme d'autres l'ont fait.

Actuellement, quelques propriétaires amoureux de la terres et de ses traditions s'esayent à la culture de quelques pieds, pour leur consommation personnelle, avec succès. Souhaitons que cette sympatique initiative soit un jour encouragée !